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Les Amis de l'Ecole de Rouen

la chronique de François Lespinasse - novembre 2008

1 Novembre 2008, 00:00am

Publié par le webmaster

Il y a un mois se terminait au Musée des Beaux-arts de Rouen l’exposition Charles FRECHON. Un bilan s’impose, quel est-il ?

Les responsables du Musée nous ont communiqué avoir comptabilisé 13581 visiteurs. Cette fréquentation est tout à fait honorable. Elle montre parfaitement que les Peintres de l’École de Rouen suscitent un intérêt indiscutable et que de telles manifestations sont nécessaires et utiles.

Nécessaires : ces expositions permettent de faire le point sur cette École que l’on voit trop rarement dans ces lieux officiels. Bien montées, assorties d’un catalogue, elles offrent aux visiteurs la possibilité de découvrir des œuvres qui, sans cela, ne seraient jamais montrées et resteraient étrangères à la connaissance et à l’appréciation du public.

Utiles : les expositions rétrospectives ont l’avantage de proposer un aussi large panorama chronologique que possible. Dans le cas présent, le cabinet de dessins a été pour beaucoup une véritable révélation. L’excellent accrochage a permis de découvrir l’étendue du talent de Charles FRECHON.

Quant à l’œuvre peint, il était fort de 110 numéros qui révélaient à merveille l’un des trois mousquetaires qu’était cet Artiste*. Un autre de ceux-ci, Charles ANGRAND, laisse une remarquable correspondance.

En 1899, voici près de 110 ans, il écrivait à son ami Charles FRECHON: “ ...J’y ai passé la journée (à Rouen) avec SIGNAC, CROSS, RYSSELBERGHE, arrivant d’Isigny à bicyclette et ayant fait toute la Côte du Calvados et les rives de la Seine par Caudebec, St-Wandrille et Jumièges. Le soir, ils sont repartis par Pont-de-L’Arche [...].Tu as bien fait d’échanger quelques relations avec lui (LEBOURG).Je trouve que tu t’isoles trop. Il faut voir pour savoir et il est d’utilité, pas indispensable, de se faire voir. Tu le dis bien toi-même, Rouen n’est pas excitant, mais il faut que tu t’en convainques tout à fait ; tout en y restant, il faut en sortir pourtant. [] Pourquoi le Jules LEFEBVRE est-il sur la cimaise du Musée et l’admirable esquisse de chevaux de GERICAULT au-dessus ? M. LEBEL avait sans doute cru bon de faire bénéficier GERICAULT de la curiosité acquise à LEFEBVRE. Ce sentiment est louable, mais, il vaudrait mieux, pour le bon renom de goût d’un Conservateur, intervertir les toiles. On a également trouvé bon de mettre « la belle Zélie » dans un coin et un COROT en l’air, et « la tentation » de ZACHARIE dans la grande salle, oh cette tentation !... Certes, Rouen honore ses gloires ; décidément, Rouen est un Centre. Et de qui sera la toile qu’on achètera avec l’argent des visiteurs du Musée ? Rouen est, plus que toute autre la ville des IMPRESSIONNISTES. Depuis sa jeunesse, PISSARRO y est venu cent fois et MONET y a séjourné et SISLEY aussi. Toute autre Municipalité se fut liée à eux et, diplomatiquement, aurait pu obtenir à bon compte quelque belle Œuvre, tout en acquérant le bénéfice de s’être montrée mécénienne. Mais elle était bien trop occupée à consacrer un bronze d’art à ...”

 Il est aujourd’hui évident que Charles ANGRAND voyait juste, mais il a fallu laisser faire le temps. Et nous ne pouvons qu’être réjouis de la tenue de l’Exposition qui vient de se terminer, en relation agréable et constructive avec les Responsables du Musée et nous avons la conviction que d’autres beaux projets prendront forme dans un proche avenir dans le même esprit de partenariat.


François Lespinasse


* NDLR - Ch. Angrand, Ch.Frechon, Joseph Delattre et...Léon-Jules Lemaitre

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